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Guide pratique du droit relatif à la maltraitance et à la négligence des personnes âgées

Angles d’analyse pour une pratique inclusive

Ce chapitre porte sur les angles d’analyse qui permettent d’améliorer les interventions auprès de personnes âgées qui sont victimes de maltraitance ou de négligence. Les sujets suivants sont passés brièvement en revue et des liens pointent vers des ressources complémentaires pour les approfondir :

  • Pratique tenant compte des traumatismes
  • Humilité et sécurisation culturelles
  • Pratique adaptée pour les personnes âgées, handicapées ou atteintes de troubles neurocognitifs
  • Égalité des sexes
  • Orientation sexuelle et identité de genre

1. Pratique tenant compte des traumatismes

Qu’est-ce qu’un traumatisme?

Les expériences traumatiques peuvent prendre des formes différentes, mais elles ont en commun le fait qu’elles mettent à l’épreuve la capacité de la personne ou de la collectivité touchée de s’en sortir[1]. Les expériences de violence, de perte, de blessure, de peur, de négligence ou de maltraitance peuvent causer des traumatismes. Un événement traumatique peut être personnel comme une agression sexuelle, ou collectif comme une catastrophe naturelle ou un conflit armé. Le traumatisme peut aussi être intergénérationnel et historique comme ceux vécus par les survivants des pensionnats autochtones. Être témoin de torts causés à d’autres peut aussi provoquer un traumatisme. Entendre parler d’expériences traumatiques peut causer un traumatisme indirect, une conséquence qui se fait souvent sentir chez les personnes qui aident les survivants de traumatismes.

Un traumatisme peut engendrer des conséquences importantes pour le bien-être d’une personne, qui se font sentir pendant toute une vie. Un traumatisme peut affecter le cerveau et entraîner des séquelles physiques, psychologiques et émotionnelles permanentes[2]. Le trouble de stress post-traumatique figure parmi les problèmes de santé résultant de traumatismes les plus souvent cités. Toutefois, le traumatisme peut également se manifester par des troubles physiques comme, par exemple, l’affaiblissement du système immunitaire, des douleurs chroniques et des troubles gastro-intestinaux[3]. En fin de compte, la réaction d’une personne à un événement traumatique ou à un événement qui provoque un traumatisme est unique, et les circonstances qui entourent l’événement, particulièrement l’accès à un soutien affectif, influent sur le bien-être de la victime. Une trousse d’outils d’intervention l’explique comme suit :

  • [traduction] Ce n’est pas l’événement qui détermine si l’expérience est traumatisante, mais la façon dont la personne réagit à l’événement et le sens qu’elle lui donne. Les personnes qui se sentent soutenues après un événement traumatisant (par leur famille, des amis, des liens spirituels, etc.) et qui ont l’occasion d’en parler et d’en disséquer le mécanisme arrivent souvent à l’intégrer à leur vécu comme n’importe quelle autre expérience[4].

La maltraitance et la négligence d’une personne âgée peuvent provoquer un traumatisme et il est possible que les victimes aient vécu auparavant d’autres formes de traumatisme qui auront probablement une incidence sur leurs besoins en matière d’aide et de soutien. C’est pourquoi il est utile d’inscrire les interventions à l’intention de personnes âgées dans une optique tenant compte des traumatismes.

En quoi consiste une pratique tenant compte des traumatismes?

Une pratique tenant compte des traumatismes est une approche relationnelle à la façon dont une personne effectue son travail ou fournit des services. Elle diffère des services axés sur des traumatismes particuliers qui aident les personnes souffrant des séquelles d’un traumatisme, comme des services médicaux ou des services de counseling[5]. Tous les services, même ceux qui ne visent pas directement les séquelles d’un traumatisme, peuvent tirer profit de cette approche.

Une pratique tenant compte des traumatismes n’exige pas qu’une expérience traumatique soit divulguée. Pour fournir ce type de services, une personne doit :

  • comprendre en quoi consiste un traumatisme;
  • reconnaître le potentiel d’un traumatisme et les éléments déclencheurs;
  • reconnaître les conséquences qu’une expérience traumatique a eues sur la vie de la personne touchée;
  • fournir des services de manière à éviter de causer d’autres préjudices.

Une pratique qui tient compte des traumatismes est utile à tout le monde, y compris le fournisseur de services – même aux personnes qui n’ont jamais vécu de traumatisme[6].

Il importe aussi d’être sensible à la façon dont un traumatisme peut être vécu différemment par des personnes immigrantes, handicapées, autochtones, jeunes et 2ELGBTQ+, entre autres. Un autre traumatisme peut agir comme déclencheur de séquelles de traumatismes historiques et intergénérationnels, dont la maltraitance subie par une personne âgée[7]. Cet aspect de la pratique est examiné dans le détail dans la section portant sur la sécurisation culturelle.

Principes d’une pratique tenant compte des traumatismes

Une pratique tenant compte des traumatismes repose sur quatre principes de base[8].

1. Faire preuve de sensibilité envers les traumatismes

Pour mettre en œuvre une pratique tenant compte des traumatismes, il faut comprendre à quel point les expériences traumatisantes sont répandues et quelles en sont les séquelles physiques, psychologiques et émotionnelles. Un aspect important consiste à veiller à ce qu’une intervention ne provoque pas un nouveau traumatisme, surtout si elle vise à traiter plus directement le traumatisme vécu par la personne concernée[9]. Il faut savoir que chaque personne vit différemment un traumatisme et que les séquelles subies varient d’une personne à l’autre. Chaque personne aura besoin de soutiens différents[10].

2. Entretenir un climat de sécurité et de confiance

Il faut instaurer un climat où la personne âgée se sent en sécurité, à savoir un environnement rassurant permettant l’intimité dans la mesure du possible et un environnement social où elle est à l’aise d’exprimer ses idées et ses sentiments sans crainte d’être jugée[11].

Il faut que la personne âgée soit bien informée des services qui sont disponibles. Le but de chaque rencontre doit être expliqué. Cela est d’autant plus important lorsqu’il est question de services juridiques ou médicaux où le temps de prestation est limité. Lorsqu’il n’est pas possible de répondre à tous les besoins de la personne concernée, il faut l’aiguiller vers d’autres services, mais seulement si l’organisme en question est en mesure de lui être utile. La création d’attentes précises procure un sentiment de confiance et de sécurité[12].

L’exercice de la profession d’avocat, de médecin ou d’une autre activité professionnelle est lié par nature à l’exercice du pouvoir. Il convient donc de recourir à des moyens ayant pour objectif de modifier cette dynamique de pouvoir, notamment :

  • S’asseoir aux côtés de la personne âgée et non pas en face d’elle – mais seulement si elle se sent en sécurité.
  • Porter une tenue vestimentaire décontractée.
  • Ne pas apporter dans le lieu de réunion des objets symbolisant le pouvoir comme un porte-documents[13].

Limiter le nombre de questions posées à la suite les unes des autres et poser plutôt des questions ouvertes[14]. Adopter une attitude décontractée dans la mesure du possible et faire des confidences en échange de l’information que divulgue la personne âgée[15].

3. Favoriser les occasions d’exprimer ses choix et de collaborer

Une personne qui a subi un traumatisme éprouve souvent le sentiment que la situation a échappé à son contrôle et elle se sent impuissante. Une personne âgée qui subit de mauvais traitements peut ressentir un sentiment d’impuissance très vif. Une pratique tenant compte des traumatismes permet de créer un climat favorable pour qu’une personne survivante de maltraitance reprenne le contrôle, participe à la prise de décisions quant à la suite à donner et retrouve sa dignité. La personne âgée doit pouvoir exprimer ce qu’elle souhaite faire sans crainte d’être jugée[16].

La personne âgée qui est victime de maltraitance ou de négligence doit pouvoir décider de la suite des choses. Si elle ne souhaite pas mettre en œuvre les mesures proposées, il faut respecter son choix – sauf dans les situations où elle n’est pas apte à prendre la décision par elle-même en raison d’une incapacité mentale. Toutefois, même si elle ne comprend pas suffisamment les renseignements pour prendre des décisions de façon indépendante en raison d’une incapacité grave, elle doit participer à la prise de décisions et ses souhaits doivent être respectés. En outre, il est souvent possible d’adapter les modes de communication ou de fournir d’autres soutiens pour lui permettre de comprendre les renseignements nécessaires à la prise de ses propres décisions. Il est essentiel que les personnes survivantes de maltraitance reçoivent le soutien nécessaire pour sentir qu’elles tiennent la situation bien en main. Cela leur redonne espoir[17].

4. Créer des occasions de renforcer la capacité et d’acquérir des compétences

En plus d’inviter la personne âgée à profiter des occasions de reprendre en main la situation et de retrouver sa dignité, un aspect de la pratique tenant compte des traumatismes consiste à l’aider à déterminer les capacités dont elle dispose et à acquérir de nouvelles compétences de manière à pouvoir surmonter le traumatisme et développer une capacité de résilience[18].

Instaurer une pratique tenant compte des traumatismes

Pour mettre en œuvre une pratique qui tient véritablement compte des traumatismes, il faut que l’organisation dans son ensemble en adopte les principes et les intègre à ses politiques et à sa culture organisationnelle. Tous les membres du personnel et tous les bénévoles doivent comprendre en quoi consistent les traumatismes et mettre en pratique les principes garantissant la sécurité et la confiance, ainsi que l’exercice du libre choix dans l’ensemble de leurs relations[19].

Les personnes qui travaillent directement auprès de survivants de traumatismes doivent s’éveiller à la conscience de soi et se montrer attentives aux signes de traumatisme indirect chez soi et chez les autres. C’est plus que l’épuisement professionnel. C’est vivre soi-même le traumatisme et se préoccuper des expériences de la personne concernée. Les praticiens doivent être attentifs à leur propre bien-être et être sensibilisés aux éléments déclencheurs et aux stratégies d’adaptation inefficaces, et ils doivent élaborer des plans de soins personnels[20] que les politiques organisationnelles doivent appuyer.

Ressources

Trauma-Informed Practice Guide

Ce guide a été rédigé par des professionnels qui œuvrent auprès de personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie. Il décrit en quoi consistent un traumatisme et une pratique qui en tient compte, ainsi que la façon de la mettre en œuvre.

Healing Families, Helping Systems: A Trauma-Informed Practice Guide for Working with Children, Youth, and Families

Ce guide a été rédigé par des personnes qui travaillent auprès des enfants, des jeunes et des familles. Il décrit les principes généraux régissant une pratique tenant compte des traumatismes et la façon de la mettre en œuvre dans le contexte d’interventions auprès de familles et au sein d’une organisation.

A toolkit for navigating section 276 and 278 Criminal Code matters as complaint counsel in criminal proceedings

Cette publication vise à aider les avocats qui représentent des plaignantes dans des procédures criminelles pour agression sexuelle. Elle présente la pratique tenant compte des traumatismes et la façon de la mettre en œuvre dans l’exercice du droit. Les principes peuvent s’appliquer à n’importe quelle pratique du droit.

The Trauma-Informed Lawyer Podcast

Un balado animé par Myrna McCallum, disponible dans Spotify, Apple Podcasts ou dans le site suivant : https://traumainformedlegal.ca/

Golden Eagle Rising Society, Trauma-Informed Legal Practice Toolkit

Cette trousse est destinée aux avocats, aux étudiants en droit, aux professeurs de droit et à d’autres professionnels exerçant dans ce domaine.

2. Humilité et sécurisation culturelles

Terminologie

Les interventions auprès de personnes âgées victimes de maltraitance doivent prendre en compte l’humilité et la sécurisation culturelles. La présente section décrit brièvement les concepts d’humilité, de sécurisation et de compétence culturelles et les raisons pour lesquelles des auteurs préfèrent certains termes à d’autres. Les valeurs communes sur lesquelles reposent ces concepts reconnaissent les conséquences du racisme et du colonialisme sur l’accès aux services et aux mesures de soutien, dont font état le rapport In Plain Sight[21] de 2020 et les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) du Canada[22]. Cette forme d’intervention est également conforme aux droits énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones[23].

Humilité culturelle

La First Nations Health Authority (FNHA) préfère l’expression « humilité culturelle » qu’elle définit comme suit :

[traduction] L’humilité culturelle désigne un processus d’autoréflexion visant à comprendre les préjugés personnels et systémiques conditionnés et à développer et entretenir des relations et des processus reposant sur la confiance mutuelle. C’est l’humilité de reconnaître que le processus de compréhension des expériences des autres ne s’achève jamais[24].

Une autre source décrit l’humilité culturelle comme « [traduction] un engagement pour la vie à l’autoévaluation et à l’autocritique en vue de rétablir le déséquilibre des pouvoirs […] et de créer des partenariats mutuellement bénéfiques et non paternalistes avec les collectivités au nom de personnes et de populations déterminées[25] ». Les définitions différentes du concept d’humilité culturelle insistent non seulement sur l’apprentissage tout au long de la vie d’autres cultures et collectivités et de leurs histoires et pratiques, mais également sur l’autoréflexion et l’autocritique. Comme l’expliquent Myrna McCallum et Gloria Ng dans la trousse de West Coast LEAF, « [traduction] l’humilité culturelle incite à faire l’examen critique de préjugés communs inconscients qui véhiculent des mythes et des stéréotypes, à remettre en question ses sources de connaissances et à s’ouvrir l’esprit à des perspectives nouvelles »[26].

Sécurisation culturelle

Les définitions de sécurisation culturelle et d’humilité culturelle se recoupent. Un récent rapport de West Coast LEAF décrit la sécurisation culturelle dans le contexte d’interventions auprès des peuples autochtones comme suit :

[traduction] Mettre en pratique la sécurisation culturelle c’est reconnaître que les contextes historiques, économiques et sociaux, auxquels s’ajoutent les déséquilibres dans les rapports de force structurels et interpersonnels, influent sur les résultats obtenus et les expériences vécues auprès de systèmes d’aide comme les organismes de protection de la jeunesse. […] Pour les peuples autochtones, cela consiste à mettre en avant et à reconnaître le rôle passé et présent du colonialisme.

La sécurisation culturelle nécessite également que les personnes qui occupent des postes de responsabilité dans ces systèmes exposent leurs motifs et remettent en question activement « [traduction] les hypothèses, tacites et inconscientes en grande partie, sur le pouvoir qu’ils exercent » […] dans leurs rôles, notamment les politiques et la culture de leurs institutions et systèmes[27].

La FNHA propose d’aller au-delà de la sensibilité et la sensibilisation culturelles pour créer « [traduction] un environnement exempt de racisme et de discrimination »[28]. Comme l’explique un auteur, « [traduction] l’issue d’une pratique adaptée à la culture est une relation réciproque fondée sur le respect et les échanges biculturels visant à établir l’égalité et le partage des responsabilités »[29]. La sécurisation culturelle peut être employée pour décrire des systèmes, des politiques, des pratiques et des structures de pouvoir, ainsi que des relations.

Ce sont les personnes et les communautés qui accèdent aux services qui doivent définir la notion de soins ou de services sécurisants – et non les praticiens[30]. Certains auteurs remettent en question la possibilité d’assurer la sécurité d’une autre personne.

Auparavant, le terme « compétence culturelle » était employé pour examiner l’apprentissage nécessaire pour intervenir conformément à l’éthique dans un contexte interculturel caractérisé par un déséquilibre des pouvoirs[31]. La plupart des auteurs estiment que cette terminologie est dépassée. La FNHA n’utilise plus le terme « compétence culturelle » parce qu’il laisse entendre qu’une personne peut acquérir des compétences dans le domaine des cultures d’autres peuples en suivant une formation de base[32].

Peu importe la terminologie utilisée, les thèmes sous-jacents sur lesquels reposent les pratiques exemplaires sont les suivants :

  • un engagement sur le chemin de l’apprentissage continu des différences culturelles;
  • un engagement à l’autoréflexion sur l’identité, les préjugés et le pouvoir;
  • la recension et la remise en question des formes de discrimination systémique et structurelle, du colonialisme et de l’oppression;
  • l’établissement de relations caractérisées par la confiance, le respect, l’égalité et la collaboration.

Considérer la maltraitance et la violence sous l’angle de la sécurisation culturelle

Considérer la maltraitance des personnes âgées sous l’angle de la sécurisation culturelle implique la reconnaissance du rôle déterminant joué par le colonialisme dans la santé des personnes âgées autochtones et de l’importance de la vision autochtone des structures de parenté qui sont différentes de la vision coloniale de la famille et qui sont nécessaires au bien-être et à l’autodétermination des peuples autochtones[33]. Les solutions doivent être formulées localement par les collectivités; elles ne doivent pas être imposées par l’État, qui a été un instrument d’oppression[34].

Le Centre de collaboration nationale de la santé autochtone souligne que les discussions portant sur la violence familiale dans les collectivités autochtones font souvent porter le blâme aux familles et véhiculent des stéréotypes coloniaux sexistes et une unité familiale hétérosexuelle. Ce type d’approche n’explique pas les différentes formes que prend la violence qu’ont subie les peuples autochtones[35], parmi lesquelles le colonialisme, les pensionnats autochtones et la prise en charge des enfants, et ne reconnaît pas l’identité culturelle et la collectivité comme des facteurs de résilience.

Accès aux soins de santé et aux services pour les troubles neurocognitifs

Les peuples autochtones font face à des obstacles importants pour accéder aux soins de santé et aux services pour troubles neurocognitifs. Le rapport de la CVR décrit comment ils continuent de subir le racisme dans tous les aspects des soins de santé[36]. Les obstacles auxquels ils se butent découlent en grande partie du passé colonialiste, ainsi que des facteurs suivants[37] :

  • le racisme, la discrimination et le sexisme;
  • les différences culturelles;
  • les questions de langue et d’alphabétisation;
  • la réticence des praticiens de la médecine conventionnelle à adopter des pratiques de guérison traditionnelles autochtones;
  • la pauvreté;
  • le manque d’attention apportée au bien-être spirituel par le système de soins de santé;
  • le manque de services dans les régions rurales, parmi lesquels l’eau potable, Internet et des établissements de soins de longue durée;
  • les obstacles liés au partage des compétences et des responsabilités entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux en ce qui a trait aux soins de santé à l’intention des peuples autochtones qui vivent dans les réserves et hors réserve.

Comme le souligne le rapport de 2019 du Centre canadien d’études sur le droit des aînés intitulé Conversations about Care, « [traduction] le colonialisme, et le système des pensionnats autochtones en particulier, ont porté atteinte à l’autonomie des peuples autochtones tout en provoquant des traumatismes et en engendrant la peur, entraînant dans certains cas une incapacité à participer au système, et dans d’autres, l’assentiment »[38].

Les interventions dans des dossiers de maltraitance de personnes âgées doivent cadrer avec le point de vue des autochtones sur la santé et le bien-être, notamment les pratiques de guérison autochtones et la compréhension culturelle des troubles neurocognitifs. La notion de bien vieillir peut refléter une préférence pour des soins informels, le partage des soins et le vieillissement au sein de la collectivité. En outre, les services sociaux et de santé doivent lutter contre les effets persistants du colonialisme, parmi lesquels le déséquilibre des pouvoirs et le manque de confiance et de respect à l’égard des professionnels de la santé et du gouvernement. Les volontés et les valeurs d’une personne âgée doivent être respectées, et les soins et les services doivent être culturellement sécuritaires[39].

Ressources

Centre de collaboration nationale de la santé autochtone (CCNSA)

Le CCNSA fournit des renseignements, des ressources et des outils pour améliorer la santé des peuples autochtones du Canada, dont de nombreuses publications sur la sécurisation culturelle dans les soins de santé.

Provincial Health Services Authority (PHSA) de la Colombie-Britannique : San’yas Indigenous Cultural Safety Training

Offerts par la PHSA, ces cours traitent de formation en sécurisation culturelle et s’adressent à toutes les personnes qui interviennent auprès des peuples autochtones. Des modules spécifiques sont destinés aux personnes œuvrant en soins de santé, en santé mentale et en protection de l’enfance.

Communicating Effectively with Indigenous Clients by Lorna Fadden[40]

Ce guide explique les différences entre l’anglais autochtone et l’anglais normatif et comment l’anglais autochtone peut être mal interprété par la police et le système de justice. Il décrit les partis pris et les préjugés relatifs à l’anglais autochtone. Il formule des suggestions pratiques sur la façon dont les avocats peuvent intervenir auprès du système de justice et de leurs clients pour vaincre les préjugés et mieux représenter leurs clients.

First Nations Health Authority, « Our History, Our Health »

On y trouve des renseignements sur l’histoire des peuples autochtones et le colonialisme.

3. Pratiques adaptées à l’âge, à l’incapacité et aux troubles neurocognitifs

Le recours à une approche adaptée à l’âge, à l’incapacité et aux troubles neurocognitifs permet aux personnes visées par une intervention de se sentir plus à l’aise et en sécurité et les aide à relater leur expérience et à communiquer leurs besoins et leur volonté. En fait, une stratégie d’inclusion favorise l’accessibilité pour tous.

Les pratiques adaptées à l’âge, à l’incapacité et aux troubles neurocognitifs tiennent compte d’un ensemble de considérations et de stratégies, à savoir :

  1. Lutter contre l’âgisme et briser les stéréotypes
  2. Développer les connaissances et l’expertise du personnel et des bénévoles
  3. Modifier l’environnement bâti et planifié
  4. Viser l’accessibilité des communications
  5. Appliquer des pratiques exemplaires de rédaction

La présente section traite de l’incapacité d’une manière générale et décrit certaines pratiques qui peuvent s’avérer particulièrement utiles aux personnes atteintes de troubles neurocognitifs. En fin de compte, l’expérience de chaque personne est unique et il faudra souvent apprendre à la connaître pour déterminer la meilleure façon de l’aider. Une personne âgée qui sent que quelqu’un s’intéresse vraiment à répondre à ses besoins et à renforcer sa capacité pourra contribuer à mettre en place d’autres stratégies utiles. L’expression des besoins liés à son incapacité nécessite un climat de confiance.

Âgisme et stéréotypes

Le vieillissement, l’incapacité et les troubles neurocognitifs font souvent l’objet d’une profonde stigmatisation. Il faut lutter contre les stéréotypes et les préjugés négatifs qui les entourent et ne pas oublier que les personnes âgées contribuent d’une manière utile à leurs collectivités et qu’elles possèdent un vaste éventail de compétences, de capacités et d’intérêts[41].

Il est important de ne pas utiliser un langage qui fait preuve de discrimination fondée sur l’âge et la capacité. Le choix de mots peut avoir des conséquences négatives et contribuer à la stigmatisation d’une personne. Les termes utilisés pour parler de troubles neurocognitifs sont souvent péjoratifs, faisant référence à la perte de mémoire, d’identité et de capacité. Il faut reconnaître la perte sans toutefois supposer que toutes les personnes atteintes de troubles neurocognitifs « souffrent de démence ».

Les personnes atteintes de troubles neurocognitifs sont souvent affublées d’étiquettes. Il faut recentrer le langage sur la personne et utiliser des expressions comme « personne atteinte d’une maladie neurodégénérative[42] ». Avoir conscience des termes que l’on utilise permet d’assurer la dignité et l’autonomie des personnes âgées et d’éviter la stigmatisation.

Dans les relations avec des personnes atteintes de troubles neurocognitifs, il ne faut pas oublier que le terme « démence » n’est pas universellement adopté sur le plan culturel. Les intervenants devront prendre connaissance des termes appropriés pour les groupes culturels auprès desquels ils œuvrent et veiller à employer un langage qui convient et qui indique le respect[43].

Connaissances et formation

Une information exacte permet de renverser les stéréotypes. La formation est indispensable pour aider le personnel et les bénévoles à comprendre les changements physiques et psychologiques qui sont liés au vieillissement et à l’incapacité. Elle devrait porter sur les questions suivantes :

  • Qu’est-ce qu’un trouble neurocognitif?
  • Comment l’incapacité influe-t-elle sur les droits de la personne touchée de prendre ses propres décisions?
  • Quelles sont les répercussions de la discrimination fondée sur l’âge et l’incapacité sur les personnes âgées?
  • Comment peut-on améliorer les services à l’intention des personnes âgées et des personnes atteintes d’incapacités?[44]

L’environnement bâti et planifié

L’environnement bâti et planifié doit être accessible aux personnes âgées. Il n’est pas seulement question de l’accessibilité physique pour les personnes à mobilité réduite, comme celles qui se déplacent en fauteuil roulant ou au moyen d’un déambulateur. Les problèmes de santé et les incapacités peuvent influer sur la mobilité, la vue, l’ouïe, les fonctions cognitives, ainsi que la perception et la mémoire[45].

Les locaux de travail des intervenants doivent être construits ou adaptés afin d’être accessibles à tous. La notion d’accessibilité des lieux fait généralement référence à des questions de mobilité, comme la disponibilité d’ascenseurs, de rampes et de portes adaptées. Il faut également se pencher sur le remplacement des boutons de porte par des poignées et sur l’aménagement d’espaces de stationnement à proximité des portes d’entrée. Le revêtement de plancher doit être lisse et antidérapant et l’édifice doit être bien entretenu[46]. Le guide de l’Organisation mondiale de la Santé sur les villes amies des aînés formule de nombreuses suggestions, dont une courte liste de vérification relative à l’aménagement d’espaces extérieurs et d’édifices accueillants pour les aînés[47].

L’aménagement d’un local à bureaux est tout aussi important que la conception du bâtiment. Il doit tenir compte des besoins des personnes handicapées en matière de mobilité, ainsi que d’autres questions comme des troubles neurocognitifs. Le plan d’aménagement doit :

  • reposer sur un plan d’étage facilement navigable;
  • prévoir un espace suffisant entre les meubles pour qu’une personne puisse se déplacer en fauteuil roulant ou avec un déambulateur;
  • prévoir un éclairage efficace;
  • prévoir des fauteuils solides munis d’accoudoirs sur lesquels on peut s’appuyer pour s’asseoir ou se lever;
  • prévoir des appareils électroniques munis de boutons suffisamment gros pour que les personnes maladroites de leurs mains puissent s’en servir;
  • prévoir des salles d’attente et de réunion qui répondent à différents besoins en matière d’accessibilité;
  • prévoir une salle d’attente paisible, adaptée aux personnes atteintes d’une déficience sensorielle ou de troubles neurocognitifs[48].

Les personnes atteintes de déficiences cognitives doivent pouvoir se retrouver dans un édifice. Il faut donc étudier la façon d’en faciliter les déplacements. Plusieurs facteurs peuvent être pris en considération :

  • Veiller à ce que le local à bureaux soit aménagé et meublé de sorte à pouvoir s’y déplacer sans difficulté.
  • Utiliser une signalisation dont les caractères sont lisibles de loin (gros caractères par exemple).
  • Utiliser un langage clair dans la signalisation.
  • Installer les panneaux de manière à ce qu’ils soient lisibles de diverses perspectives, comme en fauteuil roulant.
  • Veiller à ce que les panneaux soient bien éclairés[49].

Rencontre en personne

La plupart des personnes âgées préfèrent les rencontres en personne.

Il faut choisir une heure de la journée qui convient le mieux à la personne âgée. Beaucoup de personnes atteintes de troubles neurocognitifs sont plus aptes à comprendre des renseignements à certaines heures de la journée, souvent plus tôt le matin. Prévoir si possible plus de temps pour l’entretien pour que la personne âgée ait le temps d’analyser l’information reçue et de poser des questions. Prévoir également des pauses. La rencontre doit avoir lieu dans un endroit calme et paisible, sans distraction[50].

Les moyens suivants peuvent favoriser la communication et la prise de décisions :

  • S’asseoir à côté de la personne âgée pour qu’elle puisse entendre facilement, tout en préservant sa zone de confort.
  • Prévoir le temps nécessaire pour que la personne âgée puisse expliquer sa situation, analyser les renseignements fournis, poser des questions et prendre des décisions.
  • Prendre des pauses, surtout si la personne âgée a l’air fatiguée.
  • Fournir des documents rédigés en langage clair qui récapitulent les points de discussion principaux.
  • Décomposer l’information en éléments simples et faciles à saisir.
  • Faire preuve de souplesse et de patience. La précipitation peut entraîner du stress et nuire à la capacité de comprendre.
  • Prévoir la possibilité de poser des questions complémentaires[51].

Certaines personnes estiment utile la présence d’un parent ou d’un proche de confiance pouvant l’aider dans la communication et la prise de décisions. Il faut toutefois faire preuve de vigilance pour veiller à ce qu’il n’y ait pas d’influence abusive ou une dynamique relationnelle de domination[52].

Voici des stratégies à utiliser pour parler (ou écrire) à une personne âgée afin de favoriser la compréhension :

  • Utiliser un langage clair et éviter le jargon, les abréviations et les expressions argotiques.
  • Ne pas tenir des propos sarcastiques.
  • Récapituler les points soulevés par la personne âgée et lui donner l’occasion de corriger les erreurs.
  • Utiliser des mots différents si la personne âgée ne comprend pas l’information présentée.
  • Maintenir le contact visuel.
  • Veiller à ce que la personne âgée puisse voir la bouche de son interlocuteur au cas où elle utilise la lecture labiale pour favoriser sa compréhension.
  • Être attentif au langage non verbal – les gestes et le langage corporel peuvent exprimer des sentiments, des priorités et des besoins[53].

En laissant un message vocal ou en parlant au téléphone, il faut présenter l’information lentement en langage clair. Il faut toujours répéter les numéros. Il faut s’informer de l’utilité d’envoyer un courriel ou une lettre de suivi et, s’il y a lieu, demander à la personne âgée de répéter l’information pour s’assurer qu’elle a bien compris.

Il ne faut pas supposer que la personne âgée sait lire le français ou une autre langue. Il faut résumer tous les documents écrits qui sont fournis. Il faut être attentif aux pratiques qui supposent la capacité de lecture et fournir un moyen respectueux pour qu’une personne âgée puisse indiquer qu’elle a besoin d’explications complémentaires. Peu de personnes sont disposées à reconnaître qu’elles ne savent pas lire.

Documents imprimés et diffusés en ligne

Les méthodes suivantes s’avéreront utiles pour élaborer des documents écrits accessibles et faciles à comprendre :

  • Rédiger dans un langage clair.
  • Utiliser avec parcimonie le langage technique ou professionnel, les abréviations et le jargon.
  • Limiter le nombre de points principaux dans chaque document.
  • Utiliser la voix active.
  • Présenter les points principaux en premier.
  • Utiliser des mots, des phrases et des paragraphes courts.
  • Utiliser des exemples concrets, mais avec parcimonie.
  • Rédiger des instructions d’une manière simple et claire et énumérer les étapes.
  • Utiliser un langage centré sur la personne et respectueux des personnes atteintes de troubles neurocognitifs[54].

Il faut concevoir un document d’une manière judicieuse pour qu’il soit plus facile à lire et à comprendre.

  • Utiliser une police de caractères de grosse taille, au moins 12 points.
  • Dans la mesure du possible, ne pas utiliser l’italique, ne pas mettre des mots entiers en majuscules et ne pas souligner des passages.
  • Diviser le texte en sections plus petites avec des sous-titres.
  • Insérer des espaces dans le texte au lieu d’afficher une grande quantité de contenu sur chaque page.
  • Aligner les paragraphes à gauche pour que le côté droit reste non aligné.
  • Utiliser des supports visuels de manière réfléchie et judicieuse pour illustrer ses propos. Utiliser des supports simples et un langage clair[55].

Un site Web doit également être conçu pour le rendre accessible à tous. En plus de respecter les consignes en matière d’écriture et de conception données ci-dessus, voici d’autres conseils utiles pour favoriser l’accessibilité d’un site Web :

  • Faire en sorte qu’il soit facile d’agrandir le texte.
  • Utiliser des couleurs à fort contraste.
  • Fournir l’information sous différentes formes, soit des textes, des enregistrements sonores et des supports visuels.
  • Choisir des couleurs avec un fort contraste pour les personnes atteintes de daltonisme.
  • Laisser beaucoup d’espace autour des éléments cliquables[56].

Certaines personnes sont atteintes d’une incapacité immédiatement reconnaissable, alors que pour d’autres, l’incapacité est invisible. Il est important non seulement de prendre en compte les besoins et les capacités des personnes âgées, mais également de poser des questions respectueuses visant à déterminer l’aide dont chaque personne a besoin. Une attitude de curiosité bienveillante peut favoriser la révélation de faits qui peuvent aider à mieux comprendre ses besoins.

Ressources

Organisation mondiale de la santé

« Global Age-friendly Cities: A Guide » (2007)

Société Alzheimer du Canada

La participation active des personnes atteintes d’une maladie cognitive – Guide pratique

Lignes directrices pour la rédaction – Un langage centré sur la personne

4. Analyse en fonction des sexes

En quoi consiste une analyse en fonction des sexes?

Une analyse en fonction des sexes est importante dans les interventions auprès des personnes âgées. La différence sexuelle joue un rôle considérable dans l’expérience de la vie et les répercussions se font sentir toute la vie[57]. Les femmes se heurtent à de nombreux obstacles qui ont une incidence sur la santé et la vulnérabilité à la maltraitance, et d’autres aspects de l’identité et de l’oppression influent sur l’expérience vécue des obstacles liés au genre. Comme le souligne le rapport de 2017 du Centre canadien d’études sur le droit des aînés (CCEL) sur les femmes âgées :

[traduction] Les femmes plus âgées se caractérisent par une diversité aussi grande que celle de la population générale et elles ont décrit l’inégalité, les besoins à combler et les désavantages découlant de leur expérience du vieillissement au sein de communautés minoritaires. Pour respecter leurs expériences, il faut faire appel à une analyse multidimensionnelle qui prend en compte les obstacles auxquels se butent uniquement certaines femmes plus âgées[58].

Une analyse en fonction des sexes ne concerne pas seulement la sensibilisation aux répercussions différentes, mais également l’adoption d’une approche transformationnelle « [traduction] qui s’attaque aux causes des inégalités entre les sexes et qui vise à transformer les normes, les relations et les fonctions nuisibles imputées à chaque sexe »[59]. Pour ce faire, il faut prendre en compte les expériences uniques vécues par les femmes, tout en reconnaissant les facteurs systémiques contre lesquels il faut lutter.

Obstacles à la santé et au bien-être

Tout au long de leur vie, les femmes font face à de nombreux obstacles qui peuvent avoir des répercussions sur leur santé et leur bien-être et accroître plus tard leur vulnérabilité, à savoir :

  1. Diminution des revenus et des économies : Les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes. Cette absence d’équité salariale est attribuable, entre autres, au fait qu’elles occupent plus souvent des emplois à temps partiel, précaires et non syndiqués, ainsi que des emplois à prédominance féminine sous-évalués comme la garde d’enfants. Généralement, ces emplois comportent moins d’avantages sociaux et il est moins probable qu’ils ouvrent droit à une pension. En outre, les femmes s’occupent de la majeure partie des tâches ménagères et des tâches reliées à la prestation de soins, ce qui influe sur leur potentiel de revenu. En raison de ces facteurs, elles sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté plus tard, ce qui les rend plus vulnérables à la maltraitance. Les femmes ont plus de difficulté à rompre une relation de violence parce qu’elles sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté et de dépendre sur les revenus ou la pension d’un conjoint ou d’avoir occupé des emplois précaires tout au long de leur vie[60].
  1. Multiples formes de discrimination : Le sexisme, le racisme et la discrimination fondée sur la capacité causent des préjudices et limitent l’accès aux services. Les personnes qui subissent de multiples formes de discrimination sont confrontées à des obstacles uniques pour accéder à de l’aide et à des services de soutien. Par exemple, une femme âgée immigrante qui est victime de sexisme, d’âgisme et de racisme fait face à une discrimination unique en raison des différentes formes de discrimination qui se croisent. Ses expériences ne peuvent pas être séparées individuellement; elles se combinent diversement pour en faire une expérience unique et souvent inextricable. L’analyse en fonction des sexes doit prendre en compte les répercussions de l’âge, de l’incapacité, de l’origine autochtone ou immigrante, du statut minoritaire ou du statut LBGTQ, entre autres, ainsi que les conséquences découlant de cette multiplicité pour les expériences d’une femme et les obstacles auxquels elle est confrontée[61].

Maltraitance et violence

Les femmes sont plus vulnérables à la maltraitance et à la violence, et l’âge conjugué à un état de fragilité aggrave la vulnérabilité. Une personne âgée est peut-être moins apte physiquement à répondre à la maltraitance et vit peut-être avec de multiples maladies chroniques. Les femmes âgées reçoivent et fournissent souvent des soins, ce qui peut influer sur leur capacité de mettre fin à une situation de maltraitance. L’organisme Atira Women’s Resource Society énumère treize problématiques auxquelles font face les femmes âgées survivantes de violence[62], dont les suivantes :

  • Mettre fin à une relation de maltraitance compromet pour toujours la possibilité de vivre de façon autonome.
  • Dénoncer la maltraitance soulève des craintes de perdre son autonomie décisionnelle.
  • Mettre fin aux liens avec un abuseur peut engendrer l’insécurité financière, surtout si une femme dépend financièrement de l’abuseur ou de ses pouvoirs décisionnels financiers (en vertu d’une procuration ou d’une tutelle aux biens).
  • Inverser une dynamique familiale de maltraitance peut mettre en péril d’importantes relations, comme le contact avec ses enfants et ses petits-enfants.
  • Demander de l’aide peut entraîner des conséquences pour ses proches, en particulier lorsqu’un enfant majeur à charge viole la loi.
  • Déménager dans une maison de transition soulève des questions sur la façon dont ses besoins en matière de santé seront satisfaits dans un nouvel environnement ou un nouveau milieu.

Certains groupes de femmes sont plus vulnérables à la maltraitance, par exemple :

  1. Les femmes autochtones doivent vivre avec des traumatismes historiques et les conséquences passées et courantes du colonialisme, notamment les pensionnats autochtones, les familles d’accueil et la séparation des familles, ainsi que les histoires de femmes de leurs communautés disparues et assassinées.
  2. Les femmes immigrantes peuvent faire face à des obstacles en raison de leur statut d’immigrante, de leur langue, de leur niveau d’alphabétisation et de leur isolement[63].

Relation d’aide familiale

La relation d’aide a des conséquences importantes sur la vie de la plupart des femmes âgées, et les interventions dans des cas de maltraitance doivent prendre en compte les responsabilités en matière d’aide et les relations importantes de la personne concernée. Une femme pourrait ne pas être à l’aise avec une intervention qui, à ses yeux, nuit à une relation ou à une personne qui lui importe. Il se peut qu’elle tienne plus à la relation qu’à son propre bien-être physique ou affectif. Certaines femmes craignent de vexer des membres de la cellule familiale ou de perdre le contact avec un petit-enfant. Des femmes immigrantes peuvent avoir l’impression qu’elles dépendent des parents qui les ont parrainées pour conserver leur statut de résidente au Canada. D’autres peuvent craindre de déshonorer leur famille.

L’isolement est lié à une mauvaise qualité de vie dans la vieillesse et constitue un facteur de risque de mortalité. Le maintien des relations et des liens familiaux peut donc s’avérer une source de bien-être et de guérison[64]. Les interventions dans les cas de maltraitance de personnes âgées doivent respecter le droit d’une femme de prendre ses propres décisions quant à ses relations, tout en offrant des choix de planification de la sécurité.

Accès à la justice

Les femmes âgées font face à des obstacles d’accès à la justice alors qu’elles sont à la recherche d’un recours juridique pour la maltraitance[65]. Des études montrent que bon nombre de femmes ne connaissent pas leurs droits ni les options juridiques possibles. Beaucoup de femmes âgées n’ont pas les moyens de faire appel à un avocat et elles ne connaissent pas les services juridiques pro bono ou de défense de droits qui sont disponibles. Les services d’interprétation simultanée dans le domaine juridique sont peu nombreux, ce qui constitue un autre obstacle pour les femmes âgées immigrantes. En outre, les maisons de transition à l’intention des personnes âgées qui voudraient mettre fin à une situation de maltraitance sont peu nombreuses[66].

Ressources

Femmes et Égalité des genres Canada

Cours sur l’analyse comparative entre les sexes plus

Atira

Promising Practices Across Canada For Housing Women Who Are Older And Fleeing Abuse (2015)

L Greaves et al.

Integrating Sex and Gender Informed Evidence into Your Practices: Ten Key Questions on Sex, Gender & Substance Use

5. Analyse selon l’orientation sexuelle et l’identité de genre

Les obstacles auxquels sont confrontées les personnes 2ELGBTQ+ toute leur vie ne disparaissent pas avec l’âge, et la discrimination dont elles sont victimes peut s’aggraver ou recouper la discrimination et les obstacles liés au vieillissement. Les interventions auprès de ces personnes doivent prendre en compte les besoins des personnes âgées 2ELGBTQ+ et viser à contrebalancer la stigmatisation, la discrimination et les obstacles[67].

Obstacles à la santé et au bien-être

Les personnes âgées 2ELGBTQ+ ont été victimes de stigmatisation et de discrimination toute leur vie et elles sont particulièrement vulnérables à des problèmes de santé mentale et physique qui peuvent engendrer un stress chronique et représenter des obstacles aux soins médicaux. Les personnes 2ELGBTQ+ majeures doivent faire face à des obstacles en matière de soins de santé, d’emploi, de logement et dans d’autres domaines, et elles sont plus susceptibles d’être isolées socialement. Il est moins probable qu’elles soient mariées ou qu’elles aient des enfants et elles comptent davantage sur les membres de leur famille « choisie » et sur leurs amis pour de l’aide. Il est donc moins probable que des membres de leur famille jouent plus tard un rôle de proche aidant et d’accompagnateur informel. Il y a peu de services offerts aux personnes âgées qui affirment une identité de genre ou une orientation sexuelle donnée. Les personnes transgenres âgées sont victimes de stigmatisation et de discrimination persistantes; elles font face à de nombreux obstacles et elles subissent beaucoup de maltraitance, même au sein du réseau de santé[68].

Obstacles aux soins de santé et de longue durée

Les personnes âgées 2ELGBTQ+ font face à de nombreux obstacles pour recevoir des soins de santé respectueux et de haute qualité tout au long de leur vie. Ces obstacles sont importants dans les soins de longue durée où la vie privée fait défaut et dans les foyers de soin qui sont hétéronormatifs et n’acceptent pas de répondre aux besoins de résidents dont l’orientation sexuelle est différente. Les résidents 2ELGBTQ+ sont victimes de discrimination, de maltraitance et de négligence de la part d’autres résidents, du personnel et des professionnels de la santé. Souvent, les personnes âgées transgenres n’ont pas le droit de porter des vêtements qui correspondent à leur identité de genre, d’utiliser les toilettes désignées ou d’être identifiées par les pronoms et les noms qu’elles utilisent. Si la personne aux soins de longue durée n’est pas apte à prendre ses propres décisions personnelles ou en matière de soins de santé, il se pourrait que leur mandataire ne respecte pas leur identité de genre[69].

Angles d’analyse à privilégier dans sa pratique

Pour que les interventions soient inclusives, il faut prendre en compte les besoins des personnes âgées 2ELGBTQ+. Il faut que les intervenants et les membres de leur personnel reçoivent la formation nécessaire sur les obstacles auxquels elles font face et sur la meilleure façon de les aider, notamment en utilisant les pronoms appropriés et un langage et des images non sexistes. Les politiques des intervenants doivent aller au-delà de la neutralité pour s’aligner sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle. Elles doivent viser à lutter directement contre la stigmatisation, la discrimination et le manque de connaissances[70].

Voici quelques pratiques de base pour favoriser tout particulièrement l’inclusion des personnes transgenres :

  • Demander aux personnes concernées quels pronoms elles utilisent pour se désigner elles-mêmes et les employer.
  • S’efforcer d’utiliser le pronom approprié et présenter des excuses advenant une erreur.
  • S’efforcer de faire mieux et passer à autre chose.
  • Ne pas supposer que les pronoms employés dévoilent l’histoire complète d’une personne.
  • Respecter les limites entourant la divulgation de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle d’une personne. Suivre l’indication qu’elle donne et ne pas révéler l’identité et l’orientation de qui que ce soit.
  • Utiliser les noms choisis. Si une personne a changé de nom pour refléter son identité de genre, il ne faut pas utiliser son morinom (prénom assigné à la naissance).
  • Mettre en application des pratiques tenant compte des traumatismes. Beaucoup de personnes transgenres subissent la violence et la maltraitance bien avant d’atteindre un âge avancé.

Notes de fin d’ouvrage

[1] Myrna McCallum et Gloria Ng, A toolkit for navigating section 276 and 278 Criminal Code matters as complainant counsel in criminal proceedings, West Coast LEAF, avril 2020, à la p 6, en ligne : <www.westcoastleaf.org/our-publications/complainant-counsel-toolkit/> [WCL Toolkit]; Emily Arthus et al., Trauma-Informed Practice Guide, BC Provincial Mental Health and Substance Use Planning Council, mai 2013, à la p 6, en ligne (pdf) : <bccewh.bc.ca/wp-content/uploads/2012/05/2013_TIP-Guide.pdf> [Trauma-Informed Practice Guide].

[2] Nancy Poole, Christina Talbot et Tasnim Nathoo, Healing Families, Helping Systems: A Trauma-Informed Practice Guide for Working with Children, Youth and Families, British Columbia Ministry of Children and Family Development, janvier 2017, à la p 4, en ligne (pdf) : <www2.gov.bc.ca/assets/gov/health/child-teen-mental-health/trauma-informed_practice_guide.pdf> [BC Ministry of Children TIP Guide]; SAMHSA’s Concept of Trauma and Guidance for a Trauma-Informed Approach, Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2014, en ligne : <store.samhsa.gov/product/SAMHSA-s-Concept-of-Trauma-and-Guidance-for-a-Trauma-Informed-Approach/SMA14-4884> [SAMHSA TIP].

[3] Trauma-Informed Practice Guide, supra note i à la p 7.

[4] Trauma-informed: The Trauma Toolkit, Klinic Community Health Centre, 2013, à la p 9, en ligne (pdf) : <trauma-informed.ca/wp-content/uploads/2013/10/Trauma-informed_Toolkit.pdf>.

[5] Trauma-Informed Practice Guide, supra note i à la p 13.

[6] Trauma-Informed Practice Guide, ibid; Elba Bendo et al., Pathways In A Forest: Indigenous Guidance on Prevention-Based Child Welfare, West Coast LEAF, septembre 2019, en ligne : <www.westcoastleaf.org/our-publications/pathways-in-a-forest/> [WCL Pathways]; SAMHSA TIP, supra note ii.

[7] Trauma-Informed Practice Guide, ibid; WCL Toolkit, supra note 1.

[8] Adaptation, Trauma-Informed Practice Guide, ibid, aux pp 13-14.

[9] Trauma-Informed Practice Guide, ibid à la p 12; BC Ministry of Children TIP, supra note iià la p 9.

[10] Trauma-Informed Practice Guide, ibid; WCL Toolkit, supra note 1.

[11] Trauma-Informed Practice Guide, ibid; WCL Toolkit, ibid; BC Ministry of Children TIP Guide, supra note ii; WCL Pathways, supra note vi; SAMHA TIP, supra note 2.

[12] Ibid.

[13] On trouvera ces suggestions et d’autres dans le WCL Toolkit, ibid.

[14] WCL Toolkit, ibid à la p 18.

[15] Trauma-Informed Practice Guide, supra note i; WCL Toolkit, ibid.

[16] Trauma-Informed Practice Guide, ibid; WCL Toolkit, ibid; BC Ministry of Children TIP Guide, supra note ii; WCL Pathways, supra note i; SAMHSA TIP, supra note 2.

[17] Ibid.

[18] Trauma-Informed Practice Guide, ibid; WCL Pathways, ibid; BC Ministry of Children TIP Guide, ibid.

[19] Trauma-Informed Practice Guide, ibid; BC Ministry of Children TIP Guide, ibid; SAMHSA TIP, supra note 2.

[20] Trauma-Informed Practice Guide, ibid; WCL Toolkit, supra note 1.

[21] Mary Ellen Turpel-Lafond, In Plain Sight: Addressing Indigenous-Specific Racism and Discrimination in B.C. Health Care, 2020, en ligne : <www.engage.gov.bc.ca/addressingracism/>.

[22] Commission de vérité et réconciliation du Canada, Appels à l’action, Winnipeg, Commission de vérité et de réconciliation du Canada [CVR].

[23] Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en ligne (pdf) : <www.un.org/esa/socdev/unpfii/documents/DRIPS_fr.pdf>.

[24] First Nations Health Authority, #itstartswithme: FNHA Policy Statement of Cultural Safety and Cultural Humility, First Nations Health Authority, à la p 11, en ligne (pdf) : <www.fnha.ca/documents/fnha-policy-statement-cultural-safety-and-humility.pdf> [#itstartswithme].

[25] Ella Green-Moton et Meredith Minkler, « Cultural competence or Cultural Humility? Moving Beyond the Debate » (2020) 12:1 Health Promotion Practice 142.

[26] Supra note i.

[27] WCL Pathways, supra note vi aux pp 16-17, en s’appuyant sur le travail de : Cheryl Ward, Chelsey Branch et Alycia Fridkin, « What is Indigenous Cultural Safety — and Why Should I Care About It? » (2016) 11:4 Visions Journal 29; Elaine Papps et Irihapeti Ramsden, « Cultural safety in nursing: The New Zealand experience » (1996) International Journal for Quality in Health Care, 8, 491; Irihapeti Ramsden, « Kawa Whakaruruhau: Cultural safety in nursing education in Aotearoa » (1993), Wellington; Vicki Smye et Annette J. Brown, « “Cultural safety” and the analysis of health policy affecting aboriginal people » (2002) Nurse Researcher, 9:3, 42 avec renvoi à Alison J Gerlach, « A Critical Re­action on the Concept of Cultural Safety » (2012) 79:3 Can J Occup Ther 151, 152.

[28]  #itstartswithme, supra note xxiv à la p 10.

[29] Simon Brascoupé, « Cultural Safety: Exploring the Applicability of the Concept of Cultural Safety to Aboriginal Health and Community Wellness », Journal de la santé autochtone, novembre 2009, vol 5, no 2.

[30] WCL Pathways, supra note vi; Aboriginal Nurses Association of Canada avec renvoi à Lauren Baba, Cultural safety in First Nations, Inuit and Metis public health: Environmental scan of cultural competency and safety in education, training and health services, Prince George, National Collaborating Centre for Aboriginal Health, 2013, en ligne : <www.nccih.ca/495/Cultural_Safety_in_First_Nations,_Inuit_and_M%C3%A9tis_Public_Health.nccih?id=88> [NCCAH, Cultural Safety].

[31] Voir par ex Moton et Minkler, supra note xxv à la p 142; Hieu Van Ngo, « Cultural Competence: A Guide to Organizational Change », Citizenship and Immigration Canada, 2010, en ligne (pdf) : Alberta Human Rights Commission <albertahumanrights.ab.ca/Documents/CulturalCompetencyGuide.pdf> [NCCAH, Cultural Safety], ibid; National Centre for Cultural Competence, « What is cultural competence? », en ligne (consulté le 8 juin 2020) : <www.sydney.edu.au/nccc/about-us/what-is-cultural-competence.html>.

[32] #itstartswithme, supra note xxiv à la p 11.

[33] NCCAH Family Violence, ibid.

[34] Cindy Holmes et Sarah Hunt, Indigenous communities and family violence: Changing the conversation, Prince George, National Collaborating Centre for Aboriginal Health, 2017, en ligne : <www.nccih.ca/495/Indigenous_Communities_and_Family_Violence__Changing_the_conversation.nccih?id=202> [NCCAH Family Violence]. Ibid.

[35] Ibid.

[36] CVR, supra note xxii aux pp 23-24.

[37] Regine Halseth, Overcoming barriers to culturally safe and appropriate dementia care services and supports for Indigenous peoples in Canada, Prince George, National Collaborating Centre for Aboriginal Health, 2018, en ligne : <www.nccih.ca/495/Overcoming_barriers_to_culturally_safe_and_appropriate_dementia_care_services_aan_supports_for_Indigenous_peoples_in_Canada.nccih?id=243> [NCCAH Dementia Care].

[38] CCEL, Conversations about Care: The Law and Practice of Health Care Consent for People living with Dementia, CCEL Report 10, 2019, à la p 229.

[39] NCCAH Dementia Care, supra note xxxvii.

[40] Lorna Fadden, Communicating Effectively with Indigenous Clients, Toronto, Aboriginal Legal Services, en ligne (pdf) : <aboriginallegal.ca/downloads/communicating-with-indigenous-clients.pdf>.

[41] Agence de la santé publique du Canada, Pour bien communiquer avec les aînés : Faits, conseils et idées, 2010, no de catalogue HP25-11/2010F, Ottawa, Agence de la santé publique du Canada, en ligne : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/promotion-sante/vieillissement-aines/publications/publications-grand-public/bien-communiquer-aines-faits-conseils-idees.html [ASPC].

[42] Société Alzheimer du Canada, Lignes directrices pour la rédaction – Un langage centré sur la personne, 2017, en ligne (pdf) : https://alzheimer.ca/sites/default/files/documents/Lignes-directrices-pour-la-r%C3%A9daction_Soci%C3%A9t%C3%A9-Alzheimer.pdf [Société Alzheimer, Lignes directrices].

[43] Société Alzheimer, Lignes directrices, ibid.

[44] Kevin Smith, « Elder Law Toolkit », exposé présenté à la Canadian Elder law Conference, Vancouver, 15 novembre 2019 [non publié].

[45] Smith, ibid.

[46] Smith, ibid; Organisation mondiale de la Santé, Global Age-friendly Cities: A Guide, 2007, en ligne (pdf) : <www.who.int/ageing/publications/Global_age_friendly_cities_Guide_English.pdf > [OMS, Age-Friendly]

[47] OMS, Age-Friendly, ibid.

[48] Smith, ibid; OMS Age-Friendly, ibid; ASPC, supra note xli.

[49] Ibid.

[50] OMS, Age-Friendly, ibid; ASPC, supra note xli; Société Alzheimer du Canada, Guide à l’intention des premiers répondants, 2015, en ligne (pdf) : <alzheimer.ca/sites/default/files/files/national/first-responders/first_responder_handbook_e.pdf> [Société Alzheimer, Guide].

[51] Ibid.

[52] Voir par ex, BCLI, Undue Influence Recognition/Prevention: A Reference Aid, en ligne (pdf) : http://www.bcli.org/wordpress/wp-content/uploads/2015/10/undue-influence_guide_tool.pdf.

[53] OMS, Age-Friendly, ibid; ASPC, ibid; Société Alzheimer, Guide, supra note l; Société Alzheimer, Lignes directrices, supra note xlii.

[54] OMS, Age-Friendly, ibid; ASPC, ibid; Société Alzheimer, Lignes directrices, ibid; Smith, supra note xliv; Société Alzheimer du Canada, La participation active des personnes atteintes d’une maladie cognitive, 2015, en ligne (pdf) : <alzheimer.ca/sites/default/files/documents/la-participation-active-des-personnes-atteintes-d-une-maladie-cognitive.pdf> [Société Alzheimer, Participation].

[55] OMS, Age-Friendly, ibid; ASPC, ibid; Société Alzheimer, Participation, ibid; Smith, ibid.

[56] Smith, ibid.

[57] Centre canadien d’études sur le droit des aînés (CCEL), We are Not all the Same: Key Law, Policy and Practice Strategies for Improving the Lives of Older Women in the Lower Mainland, Report 8, Vancouver, BC Law Institute, 2017, en ligne : www.bcli.org/publication/we-are-not-all-the-same [CCEL, Dialogue avec des femmes âgées].

[58] Ibid, extrait du Sommaire.

[59] L Greaves et al., Integrating Sex and Gender Informed Evidence into Your Practices: Ten Key Questions on Sex, Gender & Substance Use, Vancouver, Centre of Excellence for Women’s Health, 2020, à la p 15, en ligne : <bccewh.bc.ca/featured-projects/integrating-and-measuring-the-effect-of-sex-gender-and-gender-transformative-approaches-to-substance-use/>.

[60] CCEL, Dialogue avec des femmes âgées, supra note lvii.

[61] Ibid.

[62] Atira Women’s Resource Society, Promising Practices Across Canada For Housing Women Who Are Older And Fleeing Abuse, 2015, en ligne (pdf) : <atira.bc.ca/wp-content/uploads/Promising-Practices-for-Housing-Women-who-are-Older.pdf> [Atira].

[63] CCEL, Dialogue avec des femmes âgées, supra note lvii.

[64] Colombie-Britannique, Understanding and Responding to Elder Abuse, novembre 2014, à la p 6, en ligne (pdf) : <www2.gov.bc.ca/assets/gov/law-crime-and-justice/criminal-justice/victims-of-crime/vs-info-for-professionals/info-resources/elder-abuse.pdf> [Colombie-Britannique, Understanding Elder Abuse]; Canada, Conseil national des aînés, Rapport sur l’isolement social des aînés, no de catalogue Em12-6/2014E-PDF, octobre 2014, aux pp 7-8, en ligne (pdf) : <publications.gc.ca/collections/collection_2015/edsc-esdc/Em12-6-2014-fra.pdf>.

[65] CCEL, Dialogue avec des femmes âgées, supra note lvii.

[66] CCEL, Dialogue avec des femmes âgées, ibid; Atira, supra note lxii.

[67] Alisa Grigorovich, Older LGBTQ adults and inclusive research and design of services and technologies, 7 mai 2020 [webinaire animé pour AGE WELL NCE, non publié]; A.J. Lowik, Contextualizing Abuse and Neglect Among Transgender Older Adults », 18 février 2020, en ligne : <bccrns.ca/provincial-learning-event/> [webinaire animé pour la BC Association of Community Response Networks, non publié].

[68] Ibid.

[69] Ibid.

[70] Ibid